Résumé

En dépit de l’opinion catégorique émise par l’historien français Michel Fontenay selon lequel « l’Archipel, même lorsqu’il est très fréquenté des corsaires "privés", est avant tout le domaine des petits profits, nombreux, divers, mais qui ne laissent généralement pas de traces », de très nombreuses traces de cette activité commerciale sont conservées dans les registres du consulat français de Milos de la fin du xvii^e siècle. Contrairement aux autres sources qui nous fournissent des informations indirectes sur la course dans l’Égée, les registres consulaires portent le témoignage de l’action des particuliers qui avaient obtenu de divers États catholiques des patentes de course contre les Ottomans, lorsqu’ils achètent vivres et munitions pour leurs navires et vendent prises et esclaves. Au cours de la guerre de Morée (1684-1699), Milos constitue donc un laboratoire où nous pouvons étudier l’économie méditerranéenne et le fonctionnement de ses mécanismes pendant cet « âge d’or » de la course. Parallèlement, le cas de Milos nous offre un premier exemple de la manière dont la guerre transforme un lieu d’économie locale aux horizons limités en un centre d’échanges internationaux et en champ d’action de plus larges réseaux.